...vous habite-t-il aussi parfois ?
« La violence en tant que méthode éducative n’inspire pas le respect, elle crée de l’angoisse.
Elle n’apprend pas aux enfants à faire la différence entre le bien et le mal, elle leur apprend qu’on a le droit d’en faire usage si on a le pouvoir.
La violence n’apprend pas non plus aux enfants à respecter les limites des parents, elle leur apprend à avoir peur des conséquences. »
Jesper Juul
Ces dernières semaines, il m’est arrivé régulièrement de douter profondément de l’adéquation des valeurs qui me sont chères avec celles véhiculées, de plus en plus fortement, autour du combat et d’une forme de violence, larvée ou clairement affirmée.
Dans ces moments de doute, je me surprends à me poser les questions suivantes :
- suis-je marginal, décalé lorsque je désire que notre cheminement, en tant que société, s’effectue de manière naturelle et aimante plutôt que dirigée par la peur et le « c’était mieux avant » ?
- suis-je marginal, décalé lorsque je doute que l’ouverture aux idées et aux gens soit une valeur essentielle et naturelle de toute co-construction équilibrée et durable ?
- suis-je marginal, décalé lorsque je désire un débat d’idées et de convictions diversifiées qui se réaliser sans violence verbale ni attaque personnelle mais avec un respect profond de l’autre, où le jugement de l’autre fait place à la discussion autour de l’idée ?
- suis-je marginal, décalé à désirer avant tout la confiance en nos élus, à désirer qu’ils incarnent avec cohérence et réalisme les mots qu’ils affirment, à désirer qu’ils soient exemplaires dans leurs actes et leurs manières d’être pour notre jeunesse ?
- suis-je marginal, décalé à imaginer un monde où la coopération, la force du collectif et de la diversité sont plus développées que l’individualisme forcené qui isole ? que le « et » soit plus présent que le « ou » ?
- suis-je marginal, décalé, du haut de mes 55 ans, à désirer que l’énergie et la fougue de la jeunesse se marie avec la sagesse de la vieillesse pour faire un contrepoids aux excès egotiques de bon nombre de personnalités qui occupent le devant de la scène médiatique ?
- suis-je marginal, décalé lorsqu’en dirigeant des personnes, je désire partager avant tout une notion de service à la collectivité empreinte de bon sens terrien ?
- …
Et vous ? Ces doutes, ces interrogations engendrent-ils parfois aussi des ressentis inconfortables en vous ?
Si vous vous posez parfois l’une ou l’autre des questions ci-dessus, comment pouvons-nous faire pour nous engager ensemble, en tant que masse silencieuse, à donner un peu vie à ces désirs ? Si j’avais les clés, je ne partagerai pas mes doutes avec vous dans ce billet. Alors, au lieu de solutions toutes faites, je peux proposer les quelques pistes pratiques et réalisables qui j’emprunte, pour contribuer tout modestement, à ma propre échelle, à donner vie à ces désirs :
- Refuser de contribuer à la violence verbale, facile à véhiculer dans les réseaux sociaux, protégés derrière son écran, en s’auto-censurant, en n’y partageant que des éléments qui contribuent à faire grandir, en évitant d’alimenter les débats simplistes ou d’échanger des propos outranciers, etc.
- S’entraîner, jour après jour, à chercher ce que nous pouvons apprendre d’une situation, qu’a priori, nous rejetons. (inclure plutôt qu’exclure)
- Lors d’élections, glisser dans l’urne les noms de celles et ceux qui incarnent le mieux ces valeurs d’engagement à être exemplaires, les noms de celles et ceux qui défendent leurs idées et leurs convictions dans le respect de l’autre et de sa diversité, les noms de celles et ceux qui conduisent et dirigent avec l’humilité de reconnaître qu’ils/qu’elles ne possèdent pas LES solutions aux VRAIS besoins de citoyens, etc. Au-delà de toute idéologie partisane lorsqu’elle devient réductrice.
- Lorsque vous vous surprenez à juger violemment des personnes, peut-être est-il intéressant de vous poser une simple question : si mon enfant était la personne que je juge, quelles seraient mes pensées et mots ?
Les défis qui nous attendent dans le monde complexe dans lequel nous vivons n’exigent-ils pas, avant toute chose, une capacité à travailler ensemble, avec le plus d’ouverture et d’humilité possibles, car PERSONNE ne peut prédire ce qui nous attend. Et, au-delà de tous les doutes qui m’assaillent, une certitude s’affirme avec de plus en plus de clarté : toutes les personnes qui prétendent détenir LA solution (protectionnisme, libre-échange total, etc.) aux difficultés actuelles sont des menteuses et des manipulatrices; qui font miroiter aux gens des solutions à court terme radicales et peut-être gagnantes mais qui les enferment dans une idéologie et un dogmatisme stériles. Ces personnes prônent un immobilisme et un enfermement sur soi qui ne fait que retarder l’émergence du « nouveau » qui est la nature même de la vie. Que nous le voulions ou non.
Pour vous laisser toucher par mon habituel accompagnement musico-photographique, pensez à une personne chère que vous avez perdue puis cliquer sur ce lien: https://vimeo.com/163918749 .
Excellente semaine !
Jean-Pierre Rey, le 5 février 2017
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