...pouvait être abandonné ?
« Je n’admire pas le jeunesse pour la brutalité de ses certitudes mais pour la sincérité de ses angoisses.»
Philippe Bouvard
Dans ce billet, je vais présenter une situation vécue qui a été le point de départ de mon inspiration de la semaine. Puis, j’élargis le propos pour que vous puissiez peut-être identifier une situation analogue dans vos vies et je termine, par les habituelles questions facilitant l’apparition d’inspirations et/ou de réponses et/ou de solutions.
En préparant un mandat d’accompagnement d’une équipe de direction, j’ai pris pleinement conscience de la tentation éprouvée à vouloir convaincre cette équipe d’aller dans une direction bien déterminée. C’est une direction à laquelle je crois, que j’affectionne et qui a souvent fait ses preuves. Je possédais l’outillage et l’argumentaire nécessaires pour les y conduire. Avec, au final, certainement un certain succès…pour moi.
Mais très rapidement, je me suis interrogé sur la portée de mon action si j’agissais ainsi. J’allais certainement offrir à cette équipe le meilleur de ce qui se pratique aujourd’hui en termes de dynamique de groupe. Mais en voulait-elle ? Était-elle prête à l’entendre ? Possédait-elle le terreau favorable pour ce faire ? etc. Mon intention (d’offrir le meilleur à mes yeux) me paraissait certes noble, mais était-elle respectueuse des besoins de l’équipe ou de sa situation actuelle ?
J’ai donc eu la chance de très vite me rendre compte que la réussite durable du projet ne passait pas par le fait d’imposer mes convictions mais bien plus par le fait d’inspirer les membres de l’équipe avec de nouvelles manières de faire et d’être, d’écouter de manière bienveillante leurs besoins puis par une aide discrète, invisible, à faire/laisser émerger le meilleur de cette équipe, dans l’instant, pour tendre, au juste rythme, vers le but désiré. Certainement beaucoup plus pertinent pour l’équipe. Beaucoup moins confortable et plus exposé pour moi car cet accompagnement se prépare avec des outils, des possibilités d’aide mais sans savoir comment je vais les y mener, sans savoir si je pourrais utiliser ce que j’ai préparé et sans savoir ce qui va en ressortir au final.
Pouvez-vous percevoir que cette illustration est transposable sur d’autres plans que celui décrit ci-dessus ? Quelques exemples me viennent à l’esprit :
- Manipulation parentale : lorsque vous utilisez votre autorité parentale pour imposer vos croyances (par exemple avec des enfants adolescents ou jeunes adultes) alors qu’ils expriment un besoin…certainement éloigné des vôtres.
- Monde politique : lorsque vous n’écoutez pas vraiment votre interlocuteur et que êtes plus préoccupé à lui répondre avec vos certitudes.
- Economie & marketing : lorsque vous affirmez que le modèle que vous avez développé, et qui était valable il y a 3 ans, doit impérativement être maintenu.
- Comités associatifs bénévoles: lorsque vous n’arrivez pas à vous retirer, que vous imposez votre manière de voir et que vous n’autorisez pas l’émergence d’autres personnes
- Jeux de pouvoir dans un couple : chacun-e saura identifier une telle situation…
- ...
Est-ce que partager ses convictions, en plein échange et en totale ouverture, avec d’autres personnes qui en ont peut-être des différentes, permet de faire évoluer ses propres convictions, en fonction du contexte extérieur et de nos propres évolutions ?
Est-ce que vouloir imposer nos convictions nous permet de grandir ?
Lorsque quelqu’un veut nous imposer sa manière de penser ou d’être, pouvez-vous remarquer comment vous vous mettez en mode défense ou soumission ? Bien éloigné de votre résonance intérieure ?
J’observe également que,
- plus l’expérience acquise est grande,
- plus les connaissances sont importantes,
- plus la capacité à s’exprimer est développée,
- plus la légitimité liée à un titre ou un rôle est présente,
plus grande est la tentation d’imposer sa(ses) vérité(s). Semblant ainsi développer son propre pouvoir. Mais est-ce que le vrai pouvoir que chacun-e possède est celui qui s’exerce sur d’autres personnes ou sur son propre développement ?
Si nous utilisons notre pouvoir pour (tenter d’) asservir les autres, ne pratiquons-nous pas une manipulation pernicieuse, qui ne contribue guère au développement de notre entourage ? Et, au final, qui nous enfermera dans notre empire hermétique de certitudes ?
Le plus grand risque à ne pas vouloir imposer nos certitudes n’est-il pas celui de s’ouvrir à d’autres idées, à d’autres personnes et de s’enrichir de la diversité ? Et d’être dans le flot, toujours changeant, de la Vie ? A apprendre des autres plutôt que de se rassurer en exprimant, pour la millième fois, nos propres certitudes ?
Pour, peut-être faciliter votre inspiration, je vous partage, comme accompagnement musico-photographique une création qui élève https://vimeo.com/164801685, avec comme musique « You raise me up » !
Excellente semaine !
Jean-Pierre Rey, le 15 janvier 2017
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