Lier l'action et les motivations profondes...
« Plus l’âme a reçu dans le silence,
plus elle donne dans l’action »
Ernest Hello
Je poursuis la réflexion initiée lors des deux derniers billets sur le thème de la transition.
Vendredi dernier, nous avons organisé une grande manifestation pour célébrer les 30 ans de la création de l’Ecole d’Informatique à Sierre et, des divers préparatifs (ordinateurs d’époque, coupures de presse, écriture d’un livre retraçant l’histoire et les apprentissages de l’aventure, etc. ainsi que des rencontres avec les nombreux « anciens » étudiants, professeurs ou entrepreneurs, la question de la semaine a surgi de mon esprit :
Est-ce que je (personne ou groupe/entreprise) me définis, je me vends, je me fais connaître, je rayonne, etc. par rapport à ce que je « fais » ET par rapport à ce que je « suis » ?
J’illustre la question sur deux exemples aisément adaptables à vos contextes :
- En tant que personne, si je me définis, si je définis mon identité uniquement par rapport à ce que je fais ou à ce que j’ai réalisé dans le passé, ne risqué-je pas de passer à côté de la personne que je suis devenue aujourd’hui ? Aujourd’hui tout nous invite à nous « montrer » et à nous « vendre » : par exemple, si vous cherchez « Jean-Pierre Rey » sur le Web, vous allez trouver dans les différents onglets de Google (Tout, photos, vidéos, etc.) une cartographie de « qui je semble être », et vous croirez me connaître. Mais est-ce représentatif de « qui je suis » réellement, aujourd’hui ?
- Dans l’exemple de l’histoire de l’école, beaucoup d’actions ont été retracées et de souvenirs ont été évoqués. Mais est-ce que la vraie raison d’être qui a conduit à cette création, le vrai ADN, les vraies aspirations profondes qui ont engendrées toutes ces créations sont-elles réellement connues[1] ? Transpirent-elles à travers les motivations profondes de tous ses professeurs 30 ans plus tard ? Ainsi par exemple, « le brin de folie » qui a été notre ADN pendant de nombreuses années est-il toujours existant ? Se décline-t-il encore en actions portées avec enthousiasme par ses employés ?
Pour avancer d’un pas dans la réponse à la question de la semaine, ne trouvons-nous pas aujourd’hui, très souvent, une opposition forte entre le « faire » et « l’être », opposition souvent nourrie par la nécessité de mesurer, de prouver, de rendre des comptes sur tout que ce que nous faisons, réalisons ou accomplissons[2] ? Mais à quoi servent ces mesures si, en tant qu’individus, nous bafouons, renions ou oublions nos valeurs essentielles ? L’action n’est-elle pas essentielle car est-ce que demeurer dans le monde des idées a déjà permis une création quelconque ? Par contre, lorsque l’action devient vide de sens, lorsqu’elle ne devient qu’agitation ou remplissage, ne perd-elle pas toute sa substance ? Et alors est-ce que s’efforcer de RELIER ce « faire » à ce qui nous nourris (nos valeurs d’être) peut être une attitude nourrissante et sage ? Qui nous permettra peut-être de pouvoir réaliser des tâches même ingrates avec joie et motivation ?
Essentiellement, n’avons-nous pas en tant que personne ou entreprise une seule « vraie » mission : celle qui consiste à se remplir soi-même tout en servant les autres (notre entourage / nos clients) avec ce que nous pouvons offrir de meilleur ? Si toutes nos activités ne sont basées uniquement que sur un « faire » qui nourris des intérêts externes à nous et que ce contexte extérieur change radicalement rendant caduc tout ce « faire », que nous restera-t-il si nous n’avons pas nourri également vos valeurs « d’être », si nous les avons oubliées ?
N’oublions-nous pas trop souvent cet élément essentiel dans la création de nos vies en privilégiant la frénésie d’activités et omettant souvent de nous « remplir d’être » ? Car, et ça peut être utile dans notre monde volatile d’aujourd’hui, les valeurs essentielles qui composent notre « être » ne sont-elles pas durables, fiables et enclines à pouvoir inspirer nos actions lorsque nos « faire », valables hier, ne sont plus d’actualité aujourd’hui ?
« Faire » et « être » me semblent aujourd’hui plus souvent opposés que reliés. Peut-être n’est-ce pas cette liaison qui peut nous conduire avec une aisance relative sur un chemin de transition ?
J’aimerais vous entraîner dans une action concrète cette semaine:
Pouvez-vous choisir au moins une personne avec qui vous pourrez débattre de la question (sur un plan privé et/ou professionnel) et vous inspirez mutuellement de ce qui peut naître de l’ouverture du débat ?
Et pour celles et ceux qui apprécient l’image et la musique pour se laisser inspirer, cette animation (https://vimeo.com/162481060), créée en mai de cette année, facilitera peut-être votre « honnêteté »[3] envers vous-même ?
Belle semaine !
Jean-Pierre Rey, le 18 septembre 2016
[1] D’ici la fin de l’année 2016, Marc-André Berclaz et moi-même publierons un ouvrage retraçant l’histoire de l’école tant sur le plan des actions entreprises que sur une tentative de compréhension des valeurs sous-jacentes à cette aventure
[2] Souvent sans se rendre compte que nous acceptons ou générons un contrôle fort, contrôle que nous peinons souvent à reconnaître…
[3] La musique est « Honesty » de Billy Joël
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