Ode à la diversité plutôt qu'à la simplification ou à la standardisation
« La diversité dans l’unité : une des caractéristiques majeures de l’œuvre de génie »
Henri Perruchot, la peinture
Ayant reçu très peu de retours à mon dernier billet, je continue de traiter le thème de la transition, en développant un élément inspiré par ma semaine variée et remplie, où j’ai été impliqué dans 4 contextes de forte transition :
- Une séance de créativité interdisciplinaire pour envisager des pistes de développement régional les plus systémiques possibles, suite à une nécessité de repositionnement d’un groupe auquel j’appartiens,
- Une journée en tant qu’auditeur au dialogue des sciences, congrès scientifique pluri-disciplinaire sur le thème de « L’hydro-électricité dans le contexte alpin » ; les acteurs de l’énergie hydraulique vivent une importante période de transition,
- Une soirée au TedX de Martigny avec, entre autres, la magnifique intervention de Marie-Thérèse Chappaz[1] sur la biodiversité, qu’elle vit avec passion et authenticité,
- Une assemblée des chefs de course du CAS qui a révélé une profonde mutation dans les activités de montagne liées à un club alpin et une impérieuse nécessité de renouveau.
Quel(s) point(s) commun(s) entre tous ces événements, apparemment non-corrélés ? Deux éléments m’interpellent et je vais les développer ci-après.
Premièrement, il m’apparaît évident aujourd’hui qu’une seule personne/entreprise/entité ne peut plus, à elle seule, prétendre diriger, comprendre ou contrôler une transition importante qu’elle traverse. La société du savoir dans laquelle nous baignons, nous a permis de prendre conscience des interactions et des liens existants entre tout ce que nous vivons. Par contre, ce côté compliqué et incompréhensible entraîne souvent une réaction humaine consistant à vouloir simplifier la perception de ce qui nous entoure (peut-être pour avoir l’impression de garder le contrôle ?). Et ne perdons-nous pas alors la vision « systémique » d’un événement, c-à-d la capacité à percevoir que cet événement n’est pas isolé mais qu’il s’inscrit dans un contexte beaucoup plus large que celui dans lequel on veut le réduire ?
En conclusion de ce premier point, toute personne qui prétend avoir LA solution à un problème complexe n’est-il pas un parfait imposteur ?
Attention ! La simplification est certainement vitale pour vivre sereinement et poser des actes au quotidien. Mais il est peut-être judicieux de ne jamais perdre de vue qu’elle s’inscrit dans un contexte plus large et qu’elle est alors un choix conscient de développement dans un système plutôt qu’une réponse solide à des questions ou problèmes de plus en plus globaux.
Deuxièmement, et pour éviter le piège de la simplicité, est-ce que nourrir régulièrement la diversité plutôt que la spécialisation dans toute création collective a le pouvoir de tendre, le plus souvent possible, vers une création ouverte et systémique ? J’ai pu vérifier cette hypothèse dans les deux premiers éléments évoqués en début de ce texte : le fait d’intégrer des non-professionnels des thématiques dans la création ou dans les échanges a permis d’entendre des avis et propositions, paraissant au premier abord parfois exotiques, mais finalement à même d’amener la réflexion sur des pistes que des purs spécialistes n’auraient peut-être jamais pu envisager ; car parfois « enfermés » dans la certitude ou l’arrogance de leurs savoirs. Cette ouverture à la diversité peut fonctionner et s’avérer très puissante mais elle nécessite des capacités d’écoute et de remise en question assez développées.
La conférence de Marie-Thérèse Chappaz a, quant à elle, ajouté un élément fort à cette notion de biodiversité vécue au quotidien : au travers d’exemples qu’elle a présenté, elle y a ajouté une composante émotionnelle en évoquant en mots, sons et images la beauté de ses vignes transformées ; ainsi que la joie d’y vivre.
Enfin la transformation des activités des clubs alpins passera, à mon humble avis, par une récolte puis une prise en compte d’avis multiples (jeunes, membres actifs et passifs, membres démissionnaires, personnes actives en montagne mais pas dans les clubs, comités, etc. ) plus que par des décisions unilatérales des comités ; et donc, peut-être, par une prise en compte de la diversité des avis dans la transformation du système, même si cette diversité peut amener des solutions à l’opposé des valeurs actuelles de l’association.
Ma question du jour : Cultivez-vous régulièrement la diversité dans vos manières d’être et dans vos actions quotidiennes ?
Et pour celles et ceux qui apprécient l’image et la musique pour se laisser inspirer, cette animation (https://www.youtube.com/watch?v=K7dHDDOHfe8), créée l’été passée, stimulera peut-être votre désir de diversité et celui de se rappeler que nous sommes une partie d’un tout qui dépasse largement tout ce que nous pouvons comprendre et imaginer J ?
Belle semaine !
Jean-Pierre Rey, le 11 septembre 2016
Partagez si le billet vous a plu et inscrivez-vous à mon info-lettre si vous voulez recevoir hebdomadairement une inspiration !
Écrire commentaire